Secrétaire adjoint du Club Mémoire Haut Perché
Un tout petit village perdu parmi les 34.965 communes de France, habité par à peine 150 personnes, on se dit que cela ne sert pas à grand-chose, que ça ne vaut que des clopinettes, des broquilles ou d’autres babioles. Et pourtant, si La Poterie au Perche n’avait pas existé, comme le nez de Cléopâtre s’il eut été plus court, toute la face de la Terre en aurait été changé.
Là, vous vous dites que nous avons vraiment abusé du cidre et du calva de notre belle Normandie, et que vraiment dans ce club, nous sommes bien ‘’haut perchés’’.
Et bien, que nenni ! Si La Poterie au Perche n’avait pas existé, il n’y aurait jamais eu Madonna. Et encore moins Céline Dion. Et accessoirement, des centaines de millions de québécois n’auraient jamais vu le jour.
Commençons notre enquête par une visite de l’église. Passée la porte (toujours ouverte par Madeleine), nous trouvons à gauche cette plaque commémorative.
L’histoire nous dit que René LETARTRE, né en 1626 à St-Maurice-lès-Charencey, se marie le 9 août 1649 à Normandel avec Louise GOULET née le 26 août 1628 à La Poterie-au-Perche. Puis ils migrent en Nouvelle France entre 1665 et 1669 avec leurs enfants. René Letartre est l’ascendant unique de tous les Letartre d’Amérique du Nord et il est décédé le 2 septembre 1699 à L’Ange Gardien au Québec.
Donc point de Poterie, point de Louise Goulet et adieu vaches, cochons, couvées, de toute sa descendance. Et quelle descendance ! Commençons par leurs enfants :
– Oui c’est bien tout ça, mais Céline Dion et Madonna ?
Encore un peu de patience, on va y arriver mais nous ne sommes encore qu’au 17ème siècle. Si nous allons sur Geneanet, nous pouvons trouver de très nombreuses descendances comme par exemple la petite Laure D., née le 30 janvier 2013 à Montréal, qui est la descendante en 13ème génération de Louise Goulet. Elle est d’ailleurs issue d’une double branche qui part d’Anne Letartre d’une part et de son frère Charles. Non, ils ne se sont pas mariés ensemble ! Ils ont épousé l’une un Jean Mathieu (1669) et l’un une Marie Maheu (1678) et la dixième génération issue de ces deux mariages, Luc Ménard né en 1947 et Diane Charette née en 1949 se sont unis en 1972 et ont eu une fille Mylène née en 1978, qui est la maman de Laure. C’est d’ailleurs Luc qui est l’auteur de cette généalogie et il a un très bel arbre sur Geneanet qui contient 9599 individus. Les québécois sont très fans de leur histoire, donc de leur lointain passé français, et leurs travaux généalogiques font souvent autorité par leur précision et leur abondance.
-Dion, Madonna ?
On y est presque. Mais Louise Goulet avait aussi un frère.
-Tabernacle, on est encore repartis au 17ème siècle !
Et lui il s’est carrément marié à l’église de la Poterie au Perche le 21 novembre 1645 avec Marguerite Mullier, elle-même née à la Poterie vers 1630. Il était meunier comme son père au moulin de la Motte Rouge. Engagé par contrat pour trois ans comme meunier de Sieur Noël Juchereau, il aurait vécu avec sa famille quatre ou cinq années jusqu’à 1655 à Sillery (Québec) où sont nés trois de leurs enfants. Au recensement de 1681, il possède un fusil, cinq bêtes à cornes, un cheval et trente arpents de terre en valeur. Jacques Goulet est décédé et fut inhumé à L’Ange-Gardien en 1688. De leur union sont nés au Québec douze enfants : Geneviève GOULET 1646-1646, René GOULET 1650-1717, Nicolas GOULET 1647-1721, Louis GOULET 1653-1687, Charles GOULET 1656-1717, François GOULET 1664-1711, Thomas GOULET 1661-1729, Antoine GOULET 1666-1712, Joseph GOULET 1669-1741, Jacques Goulet 1649-1659, Marguerite Goulet 1675.
Jacques Goulet et Marguerite Mullier avaient 273 descendants en 1729. Et ce sont des centaines de milliers de leurs descendants qui vivent aujourd’hui au Canada ou en Amérique du Nord. Mais sans notre Poterie au Perche, hein, tout cela n’aurait jamais existé !
Et nous voilà donc enfin à Madonna et à Céline Dion.
-On y croyait plus…
Pour Madonna, on observe encore une double branche issue de René Letartre et Louise Goulet. Leur fille Anne mariée à Jean Mathieu en 1669, et leur autre fille Barbe (marrant le prénom !) mariée à Nicolas Trudel en 1684 ont eu des enfants Jean et Louise Mathieu d’un côté et Thérèse Trudel qui en se mariant également ont créé une triple branche de descendance ayant en commun leur grand-mère Louise Goulet. Et ses branches se sont réunies à la fin du 19ème siècle, 5 générations plus tard, au travers des mariages d’une part de Guillaume Fortin et Marie-Louise Demers (1895), et d’autre part de Rose Lajoie et Narcisse Fortin (1891). Elsie Mae Fortin, issue du premier mariage, a épousé Willard Fortin, issu du deuxième. De leur union est née Madonna Louise Fortin qui s’est marié en 1955 avec Silvio Ciccone et dont l’enfant est la Madonna que tout le monde connait.
-Yeah !!! Like a virgin, oh oh, like a virgin, feels so good inside, when you hold me, and your heart beats, and you love me, oh oh, oh, oh oh oh…
Oh, Oh, Oh… Peut-être mais sans La Poterie au Perche, adieu Berthe ! Enfin, adieu Madonna. Du coup on enchaine direct sur Céline Dion, qu’on aurait bien tort d’oublier en route.
Là on va battre le record avec une quintuple branche généalogique. En effet de trois petits enfants issus en quatrième génération de Louise Goulet et René Letartre, à savoir Pierre-Hudon Beaulieu, Louis-Charles Beaulieu-Hudon et Pierre Bernard Levesque, sont issus cinq enfants dont la descendance (les 5 branches donc) se réunira 4 générations plus tard dans l’union entre Joseph Charles Dion et Joséphine Barriault. Leur fils Adhémar Dion épousera en 1945 Marie-Thérèse Tanguay et ils auront en 1968 une fille qui n’est autre que Céline Dion !
-J’irai chercher ton cœur si tu l’emportes ailleurs, Même si dans tes danses d’autres dansent tes heures, J’irai chercher ton âme dans les froids dans les flammes, Je te jetterai des sorts pour que tu m’aimes encore…A la Poterie au Perche, Tra la la la lère !
Et tout ça, hein ? C’est grâce à notre petit village !
