Petite Histoire du Perche 2
Alain THOMAS

Alain THOMAS

Secrétaire du Club Mémoire Haut Perché

Des seigneurs de Tourouvre au départ vers la Nouvelle France

Nous sommes quelques habitants de La Poterie à nous intéresser à l’histoire.

De notre village, bien sûr, mais en le replaçant dans son contexte, celui du Perche et de son passé.

Notre travail collégial a pour vocation de s’enrichir des connaissances des uns et des autres, au sein et en dehors de notre groupe informel.

Mes sources sont d’origines variées, et souvent des années 1912 et 1933. Mais les objectifs poursuivis par ces auteurs « anciens » diffèrent des miennes, ma volonté étant celle d’un généraliste tentant de brosser un tableau simple et compréhensible d’une histoire facilement embrouillée, comme nous le verrons.

Découvrez dans cet épisode l’histoire locale des seigneurs de Tourouvre,  la guerre de cent ans très virulente dans le Perche, suivie des guerres de religion.

 

Les Blasons

L’usage d’un signe distinctif pour chaque seigneur prit corps sous Louis VII, dit « le Pieux » (1120 – 1180)

Appliqué sur un bouclier ou un étendard, c’était un signe de ralliement et d’identité.

Les Rotrou n’eurent un emblème qu’après 1190.

Geoffroy fut le premier à porter sur son bouclier les trois chevrons écarlates qu’il plaça sur fonds blanc. En héraldique, on dira plus tard : « d’argent aux trois chevrons de gueule ».

Leur signification donnée par Ch. Du Hays, hippologue distingué de la race Percheronne, serait :

 «  les Comtes du Perche, ces antiques Rotrou, ces triples chevaliers, avaient pris pour emblème de leur noblesse l’empreinte de leurs chevaux. Non contents d’en arborer un, ils en avaient mis trois sur leurs étendards pour signifier et la supériorité de leurs résultats dans l’éducation de leurs chevaux, et le nombre infini de leurs élèves. Car dans le symbolisme du blason, le nombre trois signifie l’infini, tandis que l’empreinte des sabots où se dessine nettement la figure d’un chevron, fut aux premiers âges un signe de ralliement. »

Ce chevron se retrouve dans beaucoup de blasons Percherons, devenant un signe régional.

Les Gouet, seigneurs du Perche – Gouet, portèrent « d’argent mi partie aux deux chevrons de sable et mi partie aux trois chevrons brisés d’or. »

Les barons de Longny imitèrent de plus près encore les Rotrou en portant « d’or aux trois chevrons de sable. »

Et les Château Gontier, héritiers des Rotrou, eurent l’écusson « d’argent aux trois chevrons de gueule » le premier étant écimé, c’est-à-dire coupé par le haut.

Les seigneurs de Tourouvre

 Un Marc de Tourouvre a participé à la première croisade aux côtés du Duc Robert de Normandie, laissant sa vie sous les murs d’Antioche.

Par la suite, nous n’avons rien trouvé avant 1341, avec le sire Robert de Tourneboeuf, au travers d’un acte établi le vendredi d’après la Saint Martin par-devant Robert Lecourt, garde des sceaux de la châtellenie de Mortagne.

Pourtant, la légende fait remonter le titre à Rollon, roi des Vikings devenu Duc de Normandie, qui serait passé vers 920 à Tourouvre. Son brillant et bruyant cortège ayant déplu à un bovidé irascible, celui-ci fonça sur le groupe du Duc et de la Duchesse. Un jeune homme courageux (et costaud) s’interposa en attrapant d’abord la queue de la bête, puis les cornes, et parvenant à le renverser.

Rollon le remercia et l’anoblit pour cet exploit, créant le sire de Tourneboeuf, dont l’écu « porta d’azur à trois rencontres de bœuf d’or, posées 2 et 1 ».

Ils bâtirent leur château au lieu dit « les vergers », protégé par des douves.

Un acte de septembre 1352 constate que sa noblesse lui ayant été contestée, « Robert Tourneboeuf déclare être réellement gentilhomme, en ayant fait la preuve à Mortagne, de par Madame la Comtesse  d’Alençon, devant messire Pierre de la Lande, chevalier, et Guillaume Giffart, écuyer »

Un acte du 28 mai 1368 établit que le sire Robert de Tourneboeuf fait à Madame la Comtesse d’Alençon et du Perche une rente de douze livres tournois pour sa terre de la Ventrouze, avec le château, lui-même bâti sur un ancien camp Romain.

Par un acte  dressé à Bellême le 12 novembre 1374, Robert, Comte d’Alençon et du Perche, reconnaît la noblesse de Robin de Tourneboeuf.

En 1422, alors qu’Antoine de Tourneboeuf était seigneur de Tourouvre et de la Guimandière, le duc Jean d’Alençon rassemble une armée et attaque les Anglais occupant la région.

La bataille eut lieu entre Tourouvre et  Sainte Céronne, les Anglais laissant 900 morts sur le terrain.

En 1456, Michelle de Tournaboeuf, dame de Tourouvre, du Plessis et de la Guimandiere épouse Pierre de la Vove, deuxieme fils d’Olivier Louel. Qui prend le titre de seigneur de Tourouvre.

Descendants de Thibault Louel, compagnon de Rotrou, Comte du Perche, à la première croisade de 1096, ils sont anoblis.

La terre de la Vove est située près de Mauves, sur le territoire de Corbon.

En 1144, Simon et Arnoult de la Vove figurent sur des actes de donation à Mortagne.  En 1180 et  1195, ils figurent aux Grands Rôles de l’Échiquier de Normandie.

Par la suite, les de la Vove ajouteront à Tourouvre et la Guimandière les territoires d’Autheuil, La Poterie, Randonnai, Bressolettes, Bubertré, Le Plessis, Saint Gilles, La Motte d’Iversay, Le Breuil et partie de Corbon et Bellegarde.

Cette famille avait le don de guérir de la maladie du carreau.

Leurs armoiries figuraient sur les vitraux de l’église de Tourouvre.

En 1521, Galeran de la Vove assiste au mariage d’Antoine de la Vove avec Françoise Auré, fille ainée du seigneur de la Ventrouze.

La famille de la Vove s’illustra sur les différents champs de bataille pendant la guerre de cent ans, puis les guerres de religion.

Le 16 juillet 1615, le roi Louis XIII adressait une lettre d’éloges à Robert III de la Vove pour ses faits d’armes et bons et loyaux services.

Vers 1670, des ennuis de santé à répétition les rendirent inaptes au service du roi.

Jean Alexandre, dit le chevalier de Tourouvre, fut capitaine de vaisseau de la marine du roi. En octobre 1707, l’amiral Duguay Trouin rend un bel hommage a sa bravoure.

Antoine de la Vove mourut en 1705 au château de la Guimandière.

Sa femme le suivit en 1710 et fut inhumée en l’église de La Poterie.

La branche des  de la Vove de Tourouvre s’éteignit vers 1750.

Les biens de cette illustre famille furent vendus et adjugés le 16 avril 1755 à Messire Guy François de la Porte de Riantz, qui héritait des droits des de la Vove sur Tourouvre.

Guy François de la Porte de Riantz s’éteignit à Sablé en 1796, à l’age de 77 ans.

Il était chevalier de l’ordre de Saint Louis, marquis de Tourouvre, chatelain de la Motte d’Yversay, baron de Villeray et de la Beuviere, seigneur de La Poterie, Bubertré, Bressolettes, l’Hosmes, Condeau, La Bruyere.

Le marquis de Riantz – Tourouvre portait « d’or à la bande d’azur, écartelé d’azur semé de fleurs de lys d’or »

Avec lui s’éteignit la lignée des seigneurs de Tourouvre.

Fin de la parenthese : Suite Historique.

 

Apres 1290, le Perche est tantot attribué à un prince , tantot rattaché à la couronne royale en l’absence d’héritier mâle.

Le périmetre du domaine Percheron varie avec les partages et les guerres .

Cette période féodale qui nous mènera jusqu’à la Renaissance apparaît brouillone . Pourtant, c’est la France qui se construit au milieu des famines, des épidémies et des guerres.

 

Au début du XIIIe siecle, le roi institua dans le Perche un bailli royal de robe courte qui avait pour mission de juger en appel, et de surveiller les prévots.

Tous les juges du  Grand Perche appliquaient la coutume du Perche. Qui ne fut codifiée qu’en 1505. En cas d’impossibilité de découvrir la vérité, le juge pouvait recourir au duel judiciaire, également appelé jugement de Dieu.

Lors de leurs opérations guerrieres, les nobles seigneurs ne se battaient pas seuls : ils enrolaient des hommes d’armes qui leur devaient service sur leurs terres ou recrutaient des mercenaires qui prenaient gout à la vie oisive des camps et au pillage. Et qu’il fallait parfois exterminer quand la campagne était finie.

Du  Guesclin écrasa à Cocherel en 1364 de grandes compagnies qui rançonnaient la Normandie, le Perche et le Maine. Et en 1387, le baron de Longny, les seigneurs de Feillet et de Montdoucet durent liquider des bandes de pillards sur leurs terres.

 

La guerre de cent ans (1337 – 1453)

Elle opposera les Plantagenets (Anglais) aux Valois (Français).

En 1345, le roi de France Philippe VI complète le domaine de son frere Charles. II  ajoute à l’Alençonnais : Moulins et Bonmoulins, Mortagne et Mauves.

Puis  Verneuil, Chateauneuf en Thimerais, Senonches, Champrond, Sainte Scholasse, Glapion, Bellou le Trichard et Ceton. Ainsi que la chatellenie de Laigle.

A la mort du duc Charles son fils est agé de neuf ans, et sa mère Marie d’Espagne assume la gouvernance.

Elle organise et administre son domaine avec compétence. Son quatrieme fils, Robert, reçoit le Comté du Perche.

En 1355, le Perche tout entier est envahi par les Anglais.

En 1357, une garnison Anglaise occupe Mortagne, puis Nogent.

Les hostilités sont entrecoupées de trêves et de traités, bien vite foulés aux pieds.

Le Comte d’Alençon et le Comte du Perche rejoignent Du Guesclin qui venait d’être fait connétable en 1370.

La noblesse Percheronne participa à la bataille d’Azincourt en 1415, et au massacre. Jean duc d’Alençon , y perdit la vie.

Son fils Jean II fut le plus connu des ducs d’Alençon et Comtes du Perche.

En 1422, les Percherons rassemblés par le duc Jean d’Alençon attaquent l’armée Anglaise entre Tourouvre et Sainte Ceronne. Laissant 900 morts sur place, les Anglais prennent la fuite.

Mais ils reviennent et le 17 Aout 1424, une bataille opposa Français et Anglais pres de Verneuil. Elle fut désastreuse pour le Perche, qui vit périr 5000 de ses fils, et sa chevalerie. De nombreuses familles illustres de l’époque des Rotrou disparurent. Le pays était abandonné, peuplé de veuves et d’orphelins. Le duc d’Alençon fait prisonnier ne fut libéré qu’en 1427 moyennant une énorme rançon de 300.000 écus d’or. Aussitôt libéré, il se rendit à Chinon aupres du roi et assista à la premiere entrevue avec Jeanne d’Arc.

Grace à Jeanne d’Arc, Charles VII est  sacré roi à Reims le 17 Juillet 1429 et reconquiert le pays au nord de la Loire apres la victoire de Castillon.

Tandis que le cœur de Charles VII était pris par Agnes Sorel, dont la beauté et l’intelligence nous sont connus.

En novembre 1449, le duc Jean d’Alençon entra dans le Perche à la tête d’une armée de 3000 hommes pour reprendre  les places occupées par les Anglais. Seule la garnison de Mortagne se défendit vigoureusement. Mais en 1450, ce furent les derniers combats de la Guerre de cent ans, que le roi Charles VII termine en vainqueur.

Son fils Louis XI règnera de 1461 à 1483.

 A son accession au trone, Louis XI hérite d’un royaume en décomposition du fait des guerres, famines et épidémies.

Il eut à combattre  le Duché de Bourgogne et Charles le Téméraire, duc de l’Etat le plus riche d’Europe, et finit de chasser les Anglais hors de France.

Il aide à la reconstruction, combat et élimine les nobles rebelles, l’absolutisme monarchique se mêlant à des principes de développement économique, commercial et de marché.

Il jugule la hiérarchie ecclésiastique, écrase l’arrogance de la puissante noblesse.

 Le royaume est gouverné.

Le bond économique permet d’entretenir  la meilleure armée d’Europe.

 Il crée un systeme de Poste, « les chevaucheurs ».

Et en 1475, il achète la paix au roi d’Angleterre Edouard IV dont l’armée campe au nord d’Amiens, faisant ouvrir les portes de la ville et en offrant table ouverte   aux soldats Anglais ravis de l’aubaine.

 Jean II d’Alençon, Comte du Perche, intriga contre le roi Louis XI.

Apres diverses péripéties, il fut arrêté le 2 février 1472 à Senonches et emprisonné au Louvre où il mourut deux ans plus tard.

Son fils René, apres avoir été fidèle au roi, mena une vie de débauche qui incita Louis XI à le faire emprisonner dans une de ces fameuses cages de fer. Le roi voulait sa condamnation a perpétuité, afin de récupérer ses domaines .Mais Louis XI meurt en 1483, et son fils, futur Charles VIII, libère le duc René.

En 1488, le duc René d’Alençon, Comte du Perche, épouse Marguerite de Lorraine, beaucoup plus jeune. Rapidement associée au gouvernement du duché, elle donne un héritier male en 1490.

Jehan Goivret, originaire de Mauves, fut médecin de Marguerite de Lorraine avant de devenir médecin du roi François Ier qui l’anoblit. Il devint Messire Jehan de Goivret.

En 1491, le duc René permet aux habitants de Mortagne d’abattre une partie de l’enceinte du château et de niveler les fossés pour permettre la construction de l’église Notre Dame, encore debout aujourd’hui.

Le duc René décede brutalement le 2 Novembre 1492, laissant une veuve et trois orphelins. Marguerite de Lorraine prit en charge et administra ses domaines avec beaucoup d’économie et de sagesse, finissant de payer les dettes de Jean II. Elle était tres populaire, et fut béatifiée en…1921 !

Le roi Charles VIII meurt en 1498.

 Son cousin Louis d’Orléans lui succède sous le nom de Louis XII . Né en 1462 à Blois, il fut surnommé le « père du peuple » par les Etats Généraux de 1506.

Pourtant, attiré par le mirage Italien, il se croit l’étoffe d’un conquérant , passe les Alpes et occupe Milan en 1499, et Naples en 1501. En 1510, le pape Jules II fomente la Sainte Ligue contre la France. Anglais, Suisses, Vénitiens, Aragonais se jettent sur les armées françaises réduites à la défensive. En 1514, la paix est revenue. Le roi meurt sans héritier mâle en 1515.

Mais en ayant marié sa fille ainée Claude à son cousin, le duc d’Angoulême, futur François Ier, il sauve le trone.

Celui-ci reprend le mirage Italien à son compte, et remporte la victoire de Marignan en 1515. Date bien connue de tous les potaches Français.

Par la suite, il connut des déboires et fut fait prisonnier.

Ceci pour expliquer que le Perche et le Thimerais à peine réunis à la couronne de France, étaient donnés par Louise de Savoie , régente pendant la captivité de François Ier, à sa fille Marguerite , veuve de Charles IV, dernier duc d’Alençon, à titre d’usufruit.

Marguerite, belle et intelligente, se rendit à Madrid  pour négocier la paix avec l’empereur Charles Quint. Qu’elle impressionna tres favorablement. Et le traité de Madrid ramena la paix et libéra François Ier.

Peu apres, Marguerite épousait Henri II d’Albret, roi de Navarre, lui apportant le Perche, le Thimerais et l’Alençonnais.

Rappel : à l’époque des Rotrou, le roi de Navarre était un Percheron venu combattre les Sarrazins d’Espagne et dont le fils épousait une demoiselle de L’Aigle qui fut l’aÏeule de Blanche de Castille.

Marguerite devenue reine de Navarre continua à venir dans le Perche et habita souvent Mortagne. En 1530, elle réforma l’administration de l’hopital de Mortagne.

Et sa fille Jeanne d’Albret devint la mère du futur roi Henri IV.

Entre 1526 et 1533, le Perche subit des bandes de pillards  et la famine.

Mais en 1533 une heureuse récolte sauva la région.


Les guerres de religion

Ce sont en réalité quatre guerres civiles successives qui ont endeuillé la France.

Le Perche est Catholique fervent, et bien que  ce soit une des plus petites provinces de France, les seigneurs et comtes du Perche consommés dans le Foi (ou la crainte de Dieu) y ont fondé et bati plus de monasteres et d’églises qu’ailleurs.

Bart des Boulais en dénombrait 48, dont  12 monasteres et 26 prieurés.

En 1534 fut fondée à Tourouvre la Confrérie de la Charité, qui réunissait nobles et roturiers de bonnes mœurs. Sur le modèle des grandes Corporations de Métiers, elle fut active jusqu’à la révolution de 1789. Son blason portait « d’or à une barre d’azur chargé d’une baïonette d’argent »

Pourtant, pendant les guerres de religion, les princes de Condé, qui détenaient de nombreuses seigneuries dans le Perche, s’engagèrent dans la Réforme.

En 1555, Louis de Bourbon, prince de Condé, installait à Nogent un noyau Protestant.

Les Catholiques ont le soutien du  roi d’Espagne Philippe II, les Protestants celui de la reine d’Angleterre Elisabeth. Qui envahit la Normandie en 1562, comme d’habitude.

Le prince de Condé recrute 3000 reitres Allemands, cavaliers mercenaires qui dévastent  le Perche, saccagent l’Abbaye de Thiron et les églises des environs. Condé y ajoute 4000 fantassins Allemands. Bellême et Mortagne sont saccagés.

En réaction contre tous ces ravages a lieu à Paris le 24 Aout 1572 le massacre de la Saint Barthélémy. Les Catholiques reprennent  le contrôle du Perche, les Protestants menant une guerre d’embuscades tres dangereuse.

En 1573, l’Edit de Boulogne (ou paix de La Rochelle) signé par Charles IX crée une pause dans cette guerre.

Pourtant, le Perche se barricade . De 1584 à 1598, on fortifie villages et églises.

Robert de la Vove, seigneur de Tourouvre, est aux cotés du roi Henri IV au siege de Paris. En 1592, il est au siege de Rouen.

Mais il faut attendre  1598 et la signature de l’Edit de Nantes rétablissant la liberté de culte par le roi Henri IV pour mettre fin au conflit.

De toutes les cités Françaises, Mortagne est sans doute celle qui a le plus souffert des guerres de religion.

En 1598, il y avait  plus de ruines dans le Perche que du fait de la guerre de cent ans.

Le 6 juillet 1615, le roi Louis XIII adressait à Robert de la Vove une lettre d’éloges en témoignage de ses faits d’armes et bons et loyaux services.


L’émigration vers la Nouvelle France

Le Perche fut un foyer important d’émigration vers le Canada.

L’initiateur fut Robert Giffard, médecin à Mortagne. Il fit un premier voyage au Canada en 1628. Ayant obtenu de Louis XIII des terres en Nouvelle France, sur les rives du fleuve Saint Laurent ,ainsi que la seigneurie de Beauport, il lui fallait des colons pour les exploiter.

Le 14 mars 1634 par devant Roussel, notaire à Mortagne, il signait avec Jean Guyon, maçon, et Zacharie Cloutier, agriculteur, un engagement pour aller s’installer avec leurs familles au Canada.

Une liste de trente deux noms de Tourouvre suivait, dont beaucoup figurent gravés sur les murs de l’église. Dont les vitraux du XVIIe siecle témoignent de l’aventure en montrant vaisseaux et personnages embarquant.

La sélection était rigoureuse et ceux qui partaient étaient honnêtes et de bonnes mœurs. Ils ne devaient jamais « oublier ni Dieu ni la France ».

En Nouvelle France, deux provinces les accueillirent : le Québec et l’Acadie.

A Tourouvre, les seigneurs  de la Vove eurent vers 1670 à affronter des problemes de santé les rendant incapables de servir le roi.

Leur faible constitution les obligea à se faire remplacer par des chevaliers.

Le 3 septembre 1674, à la revue de la noblesse du Perche passée au Mans, le sieur de la Vove des Broudieres était présent, mais de la Vove de la Robiere était remplacé par le sieur du Val de la Besnardiere, et de la Vove de Tourouvre par Colin de la Motte.

Antoine de la Vove mourut en 1705, au château de la Guimardiere. Sa femme y mourut en 1710, étant inhumée dans l’église de La Poterie.

Jean Alexandre de la Vove, dit « le chevalier de Tourouvre » fut capitaine de vaisseau du roi. Le 28 aout 1707, l’amiral Duguay Trouin lui rend un tres bel hommage pour sa bravoure.

Jean Armand de la Vove fut  intronisé évêque et Comte de Rodez le 17 juillet 1719. Proche des Jansénistes, il dut en 1729 faire amende honorable.

Il était appelé Monseigneur de Tourouvre.

La branche des de la Vove de Tourouvre s’éteignit en 1750.

Les biens de cette illustre maison furent vendus et adjugés le 16 avril 1755 à Messire Guy François de la Porte de Riantz, qui récupérait les droits  des de la Vove sur Tourouvre.

Guy François de la Porte de Riantz, Comte de la Brosse, mourut en 1796 à Sablé à 77 ans.

Il était chevalier de l’ordre de Saint Louis, marquis de Tourouvre, chatelain de la Motte d’Yversay, baron de Villeray et de la Beuviere, seigneur de La Poterie, Bubertré, Bressolettes, Condeau, La Bruyere, l’Hosmes.

L’ancien château fort des seigneurs de Tourouvre au village des Vergers avait soutenu moult batailles, et ne convenait plus ni comme batiment militaire, ni comme résidence. Un terrain fut choisi à l’entrée du bourg, vers l’Est. Un batiment style XVIIe, bien équilibré, avec jardin à la Française vit le jour.

La révolution et les guerres le réduisirent à un pavillon racheté par la municipalité pour en faire l’habitation presbyterale. Elle-même vendue en 2019.

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